Par Marilise Rouzier, Biologiste, Université d’État d’Haïti, et avec son aimable et chaleureuse autorisation personnelle
L’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré en mars dernier que l’épidémie de Covid-19 provoquée par le coronavirus SARS-COV-2 était désormais considérée comme une pandémie qui s’étendrait selon toute vraisemblance quasiment partout dans le monde. Depuis lors, on assiste en effet aux ravages que ce Covid-19 fait et à la panique qu’il provoque avec plus de 200 pays atteints et plus de 317 000 morts à travers le monde, en particulier dans les pays développés.
En Haïti, le virus est déjà bien présent : selon les derniers bulletins d’informations publiés, le nombre de personnes testées positives augmente rapidement ainsi que le nombre de morts (une vingtaine), et ce même parmi des gens d’âge moyen, ce qui est encore plus inquiétant puisque partout ailleurs ce sont les personnes les plus âgées qui sont les plus touchées. Avec nos faibles moyens tant médicaux qu’économiques qu’il est superflu d’étayer dans cet article tant ils sont évidents, il faut affronter ce virus avec lucidité, en étant conscient de sa gravité et en cherchant à réduire son impact sur une population déjà vulnérable, tant par son état nutritionnel, sa situation socio-économique que par le niveau d’insalubrité et de promiscuité régnant dans l’environnement dans lequel elle évolue.
Jusqu’à présent, dans les pays touchés, il n’y a pas de remèdes spécifiques mais des protocoles de soins comprenant des antiviraux, des antibiotiques, et des médicaments pour traiter les symptômes sont proposés aux patients. Lorsque ces derniers sont atteints de détresse respiratoire, ils sont mis sous oxygène ou placés en réanimation, thérapies qu’il nous sera évidemment impossible d’offrir à la majorité de la population. Faisons aussi remarquer qu’aucun des antiviraux proposés dans ces protocoles n’est à la portée des petites bourses.
Dans ce contexte, on ne saurait donc trop insister sur les mesures préventives destinées à protéger la population de ce virus dévastateur. Les consignes d’hygiène données (dans tous les cas en ce qui concerne le lavage des mains, le port du masque et la distanciation sociale dans la mesure du possible) doivent être appliquées. Il nous faut également chercher à utiliser au mieux les ressources locales disponibles dans ce pays où une partie importante de la population fait traditionnellement et spontanément appel aux vertus des plantes pour traiter ses affections. Et c’est bien ce qui est observé dans le pays depuis l’annonce de la pandémie.
Nous avons ainsi effectué une recherche bibliographique dans le but d’envisager les possibilités thérapeutiques locales auxquelles on pourrait recourir pour faire face au Covid-19, en tenant compte de la disponibilité des produits, des connaissances de la population des plantes et du pouvoir d’achat des gens. Ceci nous a permis de faire des propositions pour des interventions pouvant contribuer à prévenir ou à mieux gérer l’épidémie en Haïti, au cas où aucun remède spécifique (un vaccin peut-être ou un autre médicament offert à coût abordable?) n’aurait entre-temps été mis au point.
Les interventions proposées ici auront plusieurs objectifs :
-Renforcer le système immunitaire en général pour permettre au corps de mieux résister à l’attaque du virus. Par les données statistiques publiées régulièrement dans les pays les plus touchés, on sait que les personnes âgées et les gens souffrant d’autres pathologies affaiblissant le système immunitaire sont plus vulnérables et résistent moins au virus que les gens ayant une bonne défense immunitaire, ce qui indique bien l’intérêt de ce renforcement ;
-Se défendre contre le virus lui-même à l’aide d’anti-viraux naturels ;
-Lutter contre les bactéries qui semblent s’associer au virus pour provoquer des complications souvent graves. Sans qu’il n’y ait de consensus sur le sujet, certaines bactéries (genre Streptococcus, Kiebsiella, etc..) sont parfois incriminées dans ces sur-infections ;
– Éviter la formation de caillots sanguins apparaissant souvent chez les patients gravement atteints ainsi que le manque d’oxygène au niveau des cellules et le dysfonctionnent des vaisseaux sanguins.
Pour atteindre les objectifs fixés et sur la base des recherches bibliographiques menées, plusieurs interventions peuvent être envisagées.
Tout d’abord, pour renforcer le système immunitaire, nous proposons un certain nombre d’aliments locaux disponibles et pas trop coûteux. En dehors de tout état pathologique, l’alimentation, par la qualité et la quantité des nutriments, peut modifier directement l’état nutritionnel et la réponse immunitaire. La stimulation de notre système de défense contre les attaques microbiennes de toutes sortes passe ainsi en grande partie par l’alimentation. Un bon statut de l’organisme en vitamines, en minéraux (fer, zinc, sélénium…), en protéines et en bonnes graisses est primordial pour la bonne marche de ce système. Les gens ayant de faibles taux sanguins en ces éléments (surtout en vit. A, D et en zinc) sont plus vulnérables aux infections virales. Des travaux ont aussi mis en lumière le potentiel des vitamines C et D à protéger des infections respiratoires en général. De plus, les vitamines A, C et E exercent des propriétés anti-oxydantes qui seraient impliquées dans la qualité de la réponse immunitaire (29). Il a aussi été démontré que les personnes anémiées par manque de fer résistent moins bien à l’attaque des microorganismes (26) et que la dénutrition protéinique constitue une importante cause de déficience immunitaire (29).
On trouve des vitamines et des minéraux dans la plupart des fruits et légumes courants. Une alimentation suffisamment variée pourrait donc nous les fournir, ce à quoi malheureusement tout le monde n’a pas accès. Nous pensons donc qu’ici, il n’est pas superflu d’attirer l’attention sur certains aliments constituant des sources privilégiées en ces éléments indispensables au système immunitaire.
La cerise du pays ou acerola (du genre Malpighia) est une précieuse source de vitamine C. Elle renferme jusqu’à 15 à 20 fois plus de vitamine C que le citron, déjà considéré comme fruit riche en cette vitamine (22, 40). Cette information est d’autant plus importante que l’un des traitements proposés par la Chine contre le Covid-19 consiste en des injections intraveineuses et à doses répétées de vitamine C, l’idée étant de maintenir une concentration constante et élevée de cette vitamine dans le sang. Cette thérapie à la vitamine C est actuellement utilisée en Corée, au Japon et à Singapour et depuis quelques semaines, une pétition est en ligne en vue de réclamer son application en France. La vitamine C joue en effet un rôle de barrière contre les microorganismes en renforçant les tissus épithéliaux et en activant la production d’anticorps. Bien sûr, sous forme orale, on n’arrivera pas aux mêmes résultats qu’avec les injections, mais à titre préventif, une consommation régulière et étalée de cerises au cours de la journée est certainement un bon geste à poser contre le Covid-19. Notez que juste quelques cerises (5 ou 6, pas trop mûres) apportent déjà à l’organisme une bonne dose de vitamine C. Une étude réalisée au Japon a démontré que la vitamine C de la cerise est mieux assimilée et se maintient plus longtemps dans le sang que l’acide ascorbique pur (38). Selon l’auteur de l’étude, ceci serait dû aux nombreuses autres substances (vitamines B, flavonoïdes, etc…) que contient la cerise. Par son contenu en vitamine C, la cerise facilitera aussi l’assimilation du fer des autres aliments, aidant au fonctionnement des globules rouges et au transport de l’oxygène. Pour faire face au Covid-19, la consommation de cerise constitue donc une excellente manière de profiter des vertus protectrices de la vitamine C en la maintenant dans l’organisme.
La mangue, la papaye, le tamarin, les poivrons, les épinards du pays, les légumes-feuilles sont aussi de précieuses sources de ces vitamines indispensables au fonctionnement du système immunitaire (40). L’avocat avec ses vitamines A, C, B, E, ses bonnes graisses et ses flavonoïdes a démontré des effets bénéfiques sur ce système en stimulant la production des immunoglobulines (10). Il est conseillé de consommer les fruits tels quels sans y ajouter de sucre et sans en extraire le jus. Un supplément en huile de foie de morue très riche en acides gras oméga3, en vit. A et D peut aider à maximiser ce fonctionnement.
Pour faire le plein d’éléments agissant sur le système immunitaire, on peut aussi faire appel au moringa, petit arbre devenu assez courant dans le pays. La consommation de ses feuilles, riches en protéines, en acides aminés, en fer, en flavonoïdes (quercétine) et en différentes vitamines (15, 21, 35), aide à moduler l’activité du système immunitaire (35). Signalons ici que le Moringa apporte des protéines de qualité, ce qui est important pour les gens ne consommant pas de viande de manière régulière, c’est-à-dire pour une bonne partie de la population haïtienne. Un extrait de Moringa a augmenté les niveaux d’immunoglobuline et a prévenu la mortalité chez des animaux exposés à des bactéries virulentes (35).
Les feuilles jouissent aussi d’une activité antivirale et antibactérienne (21). Frais ou séché, on peut ajouter le Moringa dans la nourriture ou prendre une ½ cuillérée à café de poudre de feuille dans un peu d’eau.
Le cresson constitue est une des salades les moins chères et les mieux pourvues en éléments protecteur du système immunitaire. En expérimentation animale, ses effets bénéfiques sur ce système ont été démontrés ainsi que son action antiinflammatoire et stimulante des globules rouges (7). Les vitamines A, C, E y sont bien représentées ainsi que plusieurs minéraux (soufre, sélénium, zinc, magnésium) (40) indispensables à la défense immunitaire. Le cresson protège des infections respiratoires en général et est utilisé en médecine traditionnelle haïtienne contre les maladies pulmonaires (32).
Le zinc qu’il renferme participe au maintien et au renouvellement des cellules du système immunitaire. Il renforce également les muqueuses de la gorge et du nez qui constituent les portes d’entrée du virus. Des études ont montré qu’une carence, même légère, en ce minéral affaiblit le système de défense (25). Selon une étude, un supplément en zinc réduit la durée d’un rhume et augmente la survie chez les enfants atteints de pneumonie (34). Dans plusieurs protocoles de traitements proposés actuellement contre le Covid-19, il est recommandé d’associer un complément de zinc aux antibactériens ou aux antiviraux prescrits.
On trouve de bonnes quantités de zinc dans les fruits de mer (huîtres, crabes), les œufs, le foie, les graines de sésame (wowoli) et de giraumon (les faire griller!) et dans la noix cajou. Pour les gens testés positifs au Sars COV-19 ou en prévention, la prise d’un supplément de zinc pourrait être bénéfique.
La noix de cocoyer est riche en graisses et en acide laurique, acide gras assez rare dans l’alimentation, aussi trouvé dans le lait maternel. La particularité de cet acide est de pouvoir être directement utilisé comme carburant pour l’organisme où il se transforme en monolaurine. La monolaurine a la propriété de stimuler le système immunitaire et de protéger les cellules de l’attaque des virus et des bactéries (24). Elle serait particulièrement active contre les virus s’attaquant au système respiratoire (32). Des morceaux de noix de cocoyer sont vendus dans tous les marchés à coût accessible.
Les citrus en général sont riches en vitamine C et en substances telles l’hespérétine et la naringine qui pourraient contribuer à diminuer l’infection du Covid-19 selon des études chinoises (4, 5, 18). De plus, la naringine pourrait prévenir la tempête cytokinique. Ces substances se retrouvent dans la pulpe mais surtout dans la pelure des fruits. On peut faire bouillir un morceau de pelure et boire l’eau de cuisson en tisane. La consommation de citrus prévient aussi la formation de caillots sanguins (46).
La grenade renferme de la punicalagine (jus et pelure) qui ralentit l’entrée et la diffusion des virus dans l’organisme; elle ralentit la réplication virale ainsi que le pouvoir du virus à s’attacher aux cellules; elle a aussi un effet virucide et antibactérien (chair et surtout pelure) (11). En expérimentation animale, le jus du fruit a montré une action anti anémique ainsi qu’un effet anti coagulant (28). La punicalagine, soluble dans l’eau, peut être obtenue en faisant bouillir un morceau de pelure dans de l’eau.
Le pourpier (koupye) – Portulaca oleracea – est un légume assez courant dans le pays et trouvé à prix très abordable. Au vu de ses propriétés, dans ce combat mené contre le Covid-19, il pourrait aider de différentes manières et à différents étapes. D’abord, il a un bon contenu en fer ce qui favorise le renouvellement des globules rouges dont la principale fonction est de transporter l’oxygène vers les organes. Il est riche en plusieurs vitamines (A, B, C, E) et en acides gras de type oméga 3 (39); ces derniers ont un effet anticoagulant et ont démontré un effet bénéfique dans le syndrome de détresse respiratoire. Le pourpier renferme aussi de la mélatonine à action immuno-modulatrice et anti- inflammatoire.
En expérimentation animale, une étude datant de 2017 a indiqué les effets anti-inflammatoires et immuno-modulateurs d’extraits de pourpier dans les cas d’inflammations pulmonaires (13). En 2019, une autre étude publiée dans la revue ‘’Molécules’’ a montré, toujours en expérimentation animale, qu’un extrait de pourpier a réduit significativement l’œdème pulmonaire lié aux maladies inflammatoires des poumons. Chez des animaux diabétiques, un extrait de pourpier a aussi réduit l’inflammation des vaisseaux sanguins et prévenu les complications vasculaires dues à un disfonctionnement du tissu endothélial (17). Des effets immuno-modulateurs ont aussi été mis en évidence pour des inflammations concernant des organes du système digestif (41).
Selon une étude, la consommation de pourpier aiderait également à lutter contre le manque d’oxygène dû à l’altitude (36). Rappelons ici que plusieurs cliniciens ont récemment comparé certains symptômes du Covid-19 à ce qui est observé en altitude. Un extrait de la plante a augmenté le taux de survie d’animaux ayant un apport insuffisant en oxygène par stimulation des enzymes-clefs de la glycolyse. Les dommages faits au tissu nerveux par manque d’oxygène ont aussi été réduits par un extrait de la plante (42). De l’ensemble de ces études, il peut être relevé que les extraits de pourpier ont eu une action protectrice de différents types de tissus, notamment au niveau des poumons, du système digestif, des nerfs et des vaisseaux sanguins.
Si on considère les propriétés du pourpier en lien avec sa capacité de pallier le manque d’oxygène, de favoriser le fonctionnement des vaisseaux sanguins, de protéger différents types de tissus et d’agir en modulant la réaction immunitaire, consommer cette plante en prévention du Covid-19 ou après avoir été testé positif semble être un bon geste à poser. On peut utiliser la plante en thé (2 petites branches avec leurs feuilles à faire bouillir) ou en légumes.
Le petit mil a une bonne teneur en fer qui favorise l’oxygénation des cellules de l’organisme et en vitamines de type B, surtout en B3 (40) qui augmente la production d’énergie dans le corps. Il contient du zinc et du cuivre (40) agissant favorablement sur le système immunitaire. Une consommation régulière de petit mil aidera à l’entretien de ce système.
Les épices : gingembre, girofle, cannelle, persil
Ils sont trouvés dans tous les marchés publics. Plusieurs aident à prévenir les infections en général et à renforcer l’immunité. Le persil, riche en vitamines et minéraux, est anti-anémique, antibactérien et a un effet anticoagulant (33). On peut l’utiliser en thé ou dans la nourriture. Le clou de girofle a une action fluidifiante du sang tout en agissant contre de nombreuses bactéries (8). Il renferme de l’eugénine qui agit sur la synthèse virale : 4 à 5 clous à faire bouillir pour un thé. On peut aussi en faire des inhalations.
L’extrait de cannelle présente des propriétés anti agrégat plaquettaire et anti thrombotiques (20). Le gingembre a une action au niveau respiratoire et bloque l’entrée de certains virus au niveau des tissus de ce système. Il réduit l’inflammation au niveau des bronches, stimule la circulation et a une action immunostimulante (1). Le gingembre améliore la microcirculation et diminue la coagulabilité sanguine (27). Chez des patients âgés atteints d’ostéo-arthrite, l’administration de gingembre a provoqué une diminution des cytokines pro inflammatoires (23). Le gingembre a aussi démontré une action positive sur la fonction endothéliale exercée par les vaisseaux sanguins (9) et mise à mal chez certains patients atteints du Covid-19 selon de nouvelles observations. On conseille de préparer un thé avec quelques rondelles de gingembre frais et d’en boire 1 fois /j à titre préventif ou toutes les 2/3 h dans les épisodes aigus pour maintenir la concentration dans le sang. On peut aussi préparer un extrait sur alcool avec du gingembre frais haché; on laisse macérer pendant 10 jours; on prend 10 à 20 gouttes 4 fois par jour de la préparation dans les épisodes aigus.
Les lamiaceae
C’est une famille de plantes à huiles essentielles (substances complexes et aromatiques) à action antivirale et bien connue de la population. Ces plantes agissent sur des enzymes-clefs dans le cycle de vie des virus. Citons en quelques-unes :
Le thym (Thymus vulgaris) : il stimule le système immunitaire et favorise l’expectoration; il a une activité anti coagulante (2). Il renferme plusieurs substances (thymol, géraniol…) expliquant ses propriétés (31). On peut l’utiliser dans la nourriture ou en thé.
L’atiyayo (Ocimum gratissimum) : la plante agit à la fois sur l’immunité cellulaire (lymphocytesT) et sur les anticorps (44). Elle agit aussi contre plusieurs bactéries pathogènes (8): 2 à 3 feuilles à faire bouillir pour un thé.
Le basilic (Ocimum basilicum) a une action immuno-modulatrice ainsi qu’une activité antivirale et anti bactérienne (14, 37). On peut le consommer sous forme de thé.
La menthe (Mentha sp) et le ti baume (Mentha nemorosa) agissent en inhibant l’entrée des virus dans l’organisme et comme anti inflammatoire (37). On peut les consommer sous forme de thé.
La quercétine – C’est un pigment qui diminue les infections virales en général, en agissant sur la réplication virale et en empêchant l’entrée des virus dans les cellules. Une activité anti bactérienne contre plusieurs bactéries pathogènes est aussi signalée. La quercétine agit également en modulant les réactions inflammatoires de l’organisme (45). L’institut de Recherches cliniques de Montréal s’intéresse à la quercétine pour son action contre le SARS COV2 et un essai clinique est actuellement en cours en Chine sur cette substance tirée du Moringa (6). Poivron, piment, navet, poireaux, cacao, légumes- feuilles, ail et surtout oignons rouges, échalotes et moringa contiennent de la quercétine.
La Glycyrrhizine – Il s’agit d’un principe sucré trouvé dans la liane legliz (Abrus precatorius), plante utilisée dans le pays contre la toux et la grippe. La glycyrrhizine a des propriétés expectorantes et antivirales. Elle prévient la réplication virale et active de la phagocytose. Elle agit en particulier sur les virus de la sphère respiratoire (30). Selon une étude chinoise, la glycyrhyzine peut diminuer l’entrée du SARS–Cov 2 dans l’organisme et exercer un effet de modulation de la libération de cytokine, ce qui pourrait en faire un agent thérapeutique possible contre le Covid-19 (19).
La glycyrrhizine contenue dans la liane legliz peut être libérée par simple mâchage des feuilles (1 à 2 petites branches sont suffisantes). Cependant, prise en grande quantité, la glycyrhizine augmente la tension artérielle! Les graines de la liane legliz (petites graines rondes noires et rouges) sont toxiques et ne doivent jamais être ingérées. Très attirantes, elles ne doivent pas être laissées à la portée des enfants.
Quelques traitements en usage dans le pays contre le Covid-19
-Des mélanges gingembre, girofle, cannelle, citron, miel : qui par leur composition ont des actions antivirales, anti bactériennes, anti inflammatoires et anticoagulantes; le safran (Curcuma longa) qui contient de la curcumine à action antivirale et anti inflammatoire est parfois substituée à l’une de ces plantes;
-L’aloès (Aloe vera) – la partie jaunâtre de la feuille renferme de l’aloïne et de l’aloé-émodol à action immuno stimulante, anti inflammatoire et antivirale; cette partie a aussi un effet purgatif et irritant; la partie transparente de l’aloès (gel) est anti inflammatoire, anti asthmatique et cicatrisante;
-L’huile de palma christi (tirée des graines de Ricinus communis) a un effet purgatif et anti viral; il n’est pas recommandé d’en prendre pendant plus de 3 jours (pas plus d’une cuillérée à soupe pour un adulte); perturbe le fonctionnement intestinal à dose plus élevée et en traitement prolongé (37);
-L’eucalyptus (Eucalyptus globulus) est un antibactérien et un expectorant (37) – Il peut être utilisé en thé (3 à 4 feuilles) ou en inhalation;
-L’armoise
Il faudrait identifier de façon formelle l’espèce dénommée ‘’armoise‘’ chez nous (ci-dessous).
Dans la ‘’ Flore d’Haïti’’, Barker et Dardeau (3), ne signalent pas la présence de l’Artemisia annua dans le pays, celle qui pousse à Madagascar et en Chine et qui contient de l’artémisinine.
Des recherches devraient être menées sur l’armoise locale afin de mettre en évidence ses effets thérapeutiques et son innocuité en cas d’attaque par le Covid-19.
Actuellement, des travaux sont menés en Allemagne et en Afrique sur l’Artemisia annua en vue d’étudier ses effets sur le virus.
Un dernier mot
Nous disposons de plantes pouvant par leurs multiples propriétés nous aider à opposer une résistance au Covid-19, ne serait-ce qu’à titre préventif. Nous pouvons y faire appel sans trop de difficultés : elles sont disponibles dans le pays, la population les connaît déjà et elles sont à la portée de tous en ce qui concerne leur coût. La modération est cependant de mise quant aux quantités à utiliser pour les thés; il faut aussi éviter trop de mélanges lors de leur préparation et de leur consommation (pas plus de 3 ou 4 plantes à la fois pour un thé).
Pour stimuler le système immunitaire, il faut aussi rester actif: même en confinement, cherchez des activités qui vous font bouger et faites des exercices respiratoires pour éviter le stress. Ecoutez de la musique relaxante et faites de la méditation.
Pour finir, disons que le virus étant très contagieux, personne n’est vraiment à l’abri mais en renforçant son système immunitaire et son organisme et en appliquant les mesures d’hygiène, on met plus de chances de son côté et on réduit les risques de complications de la maladie. En se protégeant ainsi, on protégera les nôtres et les autres et si chacun y met du sien, on évitera peut-être au pays une catastrophe sanitaire.
Et ailleurs, à Madagascar, les plantes sont aussi à l’honneur contre le coronavirus :
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Sites consultés:
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Biographie
Marilise Rouzier est biologiste/botaniste et enseignante à La Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’État d’Haïti depuis plus de 25 ans. Elle est la représentante en Haïti du Réseau caribéen TRAMIL (Travaux sur la médecine traditionnelle des Iles) dont l’objectif est d’apporter un support scientifique aux pratiques médicinales populaires de la région Caribéenne. Elle a dirigé des enquêtes dans différents départements du pays concernant la médecine traditionnelle familiale et est l’auteure de plusieurs ouvrages parmi lesquels ‘’Plantes Médicinales d’Haïti’’ présentant les propriétés et usages des espèces médicinales du pays.
marylou_rouzier@yahoo.fr
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